Il n’a rien de plus agaçant qu’un enfant qui ne nous écoute pas, voire qui fait tout l’inverse de ce qu’on lui demande ! Dans notre quotidien stressant, où nous sommes sans cesse pressés, on aimerait bien que nos petits obtempèrent au doigt et à l’oeil et dans la seconde qui suit, tant qu’à faire !
Isabelle Filliozat dit qu’un enfant, c’est comme une plante verte, pas plus compliqué mais (nettement) plus complexe. En fait, quand on comprend un peu plus le fonctionnement du cerveau de l’enfant, c’est beaucoup plus pratique au quotidien et pour beaucoup de choses, somme toute logique.
C’est en lisant des livres qui traitent du développement de l’enfant que la lumière s’est faite en moi ^^ Alors que je ne m’intéressais guère aux enfants avant, je les comprends bien mieux aujourd’hui. Alors que les enfants étaient pour Jimmy et moi une unique source de contraintes auparavant (vous remarquerez que l’on a tout de même sauté le pas ! « Le coeur a ses raisons que la raison ne comprend pas… »), nous arrivons à trouver un équilibre, nous arrivons à gérer des situations qui pourraient vite dégénérer si nous ne mettions pas en pratique tout ce que nous avons appris sur le cerveau de l’enfant. Maintenant, je vous rassure tout de suite, chez nous aussi on crie, on pleure et on est frustré ! On a tendance à culpabiliser mais il ne faut pas perdre de vue que nous sommes des êtres humains, avec nos émotions et nos sources d’inquiétude qui nous font parfois dérailler.
Pour la rédaction de cet article, je me suis notamment beaucoup inspirée du livre d’Isabelle Filliozat, « J’ai tout essayé » dont vous trouverez de nombreux passages au cours de votre lecture.
Pourquoi mon enfant ne m’écoute pas ?
On oublie que le cerveau de l’enfant est immature
Et ce jusqu’à 25 ans ! Oui, oui ! Ce n’est que vers cet âge là que toutes les connexions seront établies. Sans trop rentrer dans les détails, les zones du cerveau se développent au fur et à mesure et pas toutes en même temps.
L’enfant ne peut pas réagir comme un adulte. Ce n’est pas qu’il ne sait pas ou ne veut pas, c’est qu’il ne peut pas car ses structures et réseaux cérébraux ne sont pas encore suffisamment fonctionnels.
Extrait du livre « Pour une enfance heureuse » de Catherine Gueguen.
Tant que le cerveau n’a pas atteint sa pleine maturité, les processus de gestion des émotions, des affects ne sont pas totalement fonctionnels. Cela explique les difficultés que l’enfant peut avoir pour contrôler, maîtriser ses réactions émotionnelles ou affectives.
Catherine Gueguen
Et notamment, ce que le jeune enfant ne peut pas décoder en lien avec l’immaturité de son cerveau, c’est la négation.
On parle négativement
Je ne sais pas si c’est propre aux francophones, aux français, mais avez-vous déjà remarqué que nous parlons très souvent en utilisant des formules négatives ?
- Arrête de faire ça
- Ne touche pas
- Ne prends pas
- Je n’en veux plus
- Ne cours pas
- N’aies pas peur
- Ne tape pas
La négation oblige à deux gestes mentaux : l’évocation, donc la construction d’une image mentale, puis la négation de cette représentation. Le petit enfant ne peut jongler ainsi dans son esprit.
Extrait du livre « J’ai tout essayé » d’Isabelle Filliozat
Dans une phrase comme « Ne saute pas sur le canapé ! » Il ne retiendra que les mots Saute et Canapé parce que son cerveau aura visualisé l’action. Et vous allez continuer à vous époumoner, ne comprenant pas pourquoi il ne vous obéit pas. Ca vous paraissait clair pourtant ! Il sera donc plus opportun d’utiliser la formulation « Reste assis sur le canapé ».
Les limites que nous posons nous paraissent évidentes. Elles sont loin de l’être pour le tout-petit, qui n’en saisira le sens que vers 4 ou 5 ans. Alors, il nous regarde attentivement pendant qu’il agit… et nous prenons cela pour de l’insolence !
Extrait du livre « J’ai tout essayé » d’Isabelle Filliozat
La période du NON
Aaaaah, la fameuse période du NON. Ce dont tout parent parle et craint en même temps !
- « Tu viens ranger avec moi stp » : NON !
- « Viens, on va aller se coucher » : NON !
- « Tu veux manger des haricots verts ? » : NON ! (M’enfin, il n’y avait pas besoin de boule de cristal pour deviner cette réponse là !)
En fait, les parents font leur propre période du NON, avant celle de leur enfant ^^ Et bien, nous, nous sommes passés au travers avec notre fille aînée (du moins quand elle était bébé, lisez bien la suite !). Pourquoi ? Parce que c’est un mot que nous avons évité d’utiliser. A la place, nous avons beaucoup employé le mot LAISSE. D’ailleurs, j’ai été ravie lorsque, un jour chez sa nounou, j’ai entendu dire Choupie dire à son camarade qui lui piquait ses chaussons : « Laisse Léon ! » 🙂
A partir de 10/12 mois, lorsque notre bébé commence à se déplacer, à prendre possession de son environnement, par pure curiosité et soif d’apprentissage, il va toucher à tout ce qui l’entoure. Les plantes, la vaisselle, les prises électriques, l’aspirateur, les objets fragiles, la queue du chat… Et si vous n’avez pas un intérieur optimisé pour les enfants, vous allez passer votre journée à dire NON ! d’un air sévère 1 fois, 2 fois, 3 fois, 15 fois, 20 fois, 50 fois… Bref, tout le temps en fait !
Puis, à partir de 18 mois, l’enfant prend davantage conscience de son individualité, du fait qu’il n’est plus le prolongement de son parent, mais bien une personne à part. Il veut s’affirmer, prendre ses propres décisions. Cela est nécessaire à son bon développement, pour qu’il puisse prendre confiance en lui et devenir autonome. Evidemment que cela est plus difficile pour le parent. J’avoue moi-même que j’adore la période des 6-18 mois. Pour Bella ça a été plutôt à partir de 8/10 mois ! Le rythme se place enfin, bébé dort mieux, on retrouve du temps pour soi. Et on peut faire ce que l’on veut de lui, dans l’ensemble il ne va pas nous dire « Pas encore », « Je finis de dessiner et je viens après » ou encore « Nooooon, je veux faire ça tout suiiiiiiiite » en pleurant et en se jetant par terre comme nous le vivons parfois avec notre grande de 3 ans 1/2.
Au final, si nous estimons avoir bien géré cette période difficile dans la deuxième année de notre fille ainée, c’est plutôt à l’âge de 3 ans et encore maintenant, à 3 ans 1/2 que Choupie nous dit davantage NON. Parce que nous avons sans doute baissé la garde et que nous le prononçons davantage également. Elle nous sort très souvent : « Est-ce que tu veux manger du fromage » : « Non !… Oui ! » On se souvient : Elle s’affirme, c’est bien pour elle ! Et pour nous, et bien courage, ça va passer… ^^
Les solutions pour limiter cette période du NON
Sécuriser son environnement
La première chose à faire est bien d’optimiser l’appartement / la maison afin de pouvoir laisser son petit faire son travail de découverte tranquillement, sans être sur son dos continuellement (gros avantage pour le parent également !). Pas de risque d’accident en cas de baisse de vigilance, pas de répétition du NON, bref, c’est quand même la base.
Ce n’est pas forcément marrant pour ceux qui ont un intérieur ultra chic, design etc, de devoir réaménager un espace plus familial. Prenez sur vous, cela ne durera que le temps des jeunes années de votre / vos enfants (si vous voulez plus de 4 enfants, là par contre, ça va durer un moment.. ^^)
L’avantage d’avoir adopté un chat avant la naissance de notre première fille, est que les décorations hyper fragiles ont très vite désertées notre appartement !
Dire STOP plutôt que NON
Quand vous dites NON, c’est souvent sur un ton de reproche et en fronçant les sourcils, tandis qu’en disant STOP, vous ouvrez les yeux et votre ton est impératif sans être blâmant, vous interrompez un mouvement. Isabelle Filliozat.
Extrait du livre « J’ai tout essayé » d’Isabelle Filliozat
Chez nous, c’est un mot que l’on emploie surtout en cas d’urgence. Avant de traverser une route, pour arrêter de courir loin devant etc. Mais force est de constater que sur ce point là, ce n’est pas encore acquis et que je me suis faite de jolies petites frayeurs…
Dire OUI
C’est THE best solution, tout accepter à votre enfant. Ainsi, plus de colère, plus de NON, plus de frustration… ! Je suis en retard pour le poisson d’avril ? Arf zut…
Alors, mon idée n’est évidemment pas de tout céder à votre petit, mais plutôt d’employer une formulation positive pour lui dire… NON, en fait. C’est dire les choses autrement pour ne pas braquer votre bout de chou. C’est ce que j’ai appris avec Charlotte du site Cool Parents Make Happy Kids.
- OUI, tu pourras avoir ce gâteau tout à l’heure, pour le goûter.
- OUI, tu pourras porter ce tee-shirt (rose flashy à paillettes multi colorées, argh vade rétro satanas !) demain si tu veux. Avec ce magnifique pantalon 🙂
Quelles solutions employer pour bien se faire comprendre par notre enfant ?
1. Son réservoir affectif doit être suffisamment rempli
Là encore, c’est selon moi la première chose dont il faut s’assurer. Sans cela, aucune consigne, même la plus positive qui soi, ne sera acceptée par votre enfant. Pour mieux comprendre, prenons l’exemple d’une voiture. Pour avancer, celle-ci a besoin de carburant. Chez l’enfant, son réservoir doit être rempli d’amour, de contact, d’attention, de sécurité, de confiance etc. S’il est vide ou presque, il ne maîtrisera plus ses émotions et ce sera la cata assurée !
2. Se mettre à sa hauteur
S’agenouiller devant lui, établir un contact léger en posant notre main sur son épaule par exemple, pour se connecter à lui, notre enfant souvent distrait par toutes ces merveilleuses choses qui l’entoure.
3. Utiliser des formulations positives
On oublie la négation le plus possible. Cela permet, en plus, de donner une consigne claire à l’attention de l’enfant. Ce qu’on veut plutôt que ce qu’on ne veut pas.
- « Marche » au lieu de « Ne cours pas ! »
- « Reste tranquille » au lieu de « Ne bouge pas »
- « Tout va bien » au lieu de « N’aies pas peur »
- « Avec la main, on caresse » au lieu de « Ne tape pas »
L’enfant a soif d’apprentissage. On a trop tendance à dire ne fais pas ça mais sans expliquer pourquoi. Déjà, l’enfant aura bien trop envie de dépasser l’interdit, il ne comprendra pas la négation et en plus, s’il ne sait pas pourquoi il ne faut pas le faire, il n’aura pas envie. Avez-vous envie d’écouter quelqu’un lorsqu’on ne vous donne pas la finalité ? En formulant ses consignes de façon positive, on donne à l’enfant des indications claires qu’il sera plus enclin à respecter.
4. Une seule consigne à la fois
Toujours en lien avec l’immaturité du cerveau de l’enfant, il lui est impossible de retenir plusieurs consignes en même temps.
« Range tes jouets, lave toi les mains et viens à table ». Au mieux, il ne fera que la dernière action. Au pire, il vous regardera, vous sourira (il a bien compris que vous vous adressiez à lui, c’est un bon point !) puis il continuera, imperturbable, à jouer sur le sol, complètement recouvert de ses jouets. Dire plutôt :
- « Mon chéri, on va se mettre à table. D’abord, nous allons ranger tes jouets tous les deux. »
- Ensuite « Allons-nous laver les mains », leur montrer l’exemple sera beaucoup plus efficace que de le laisser faire seul en plus, je vous renvoie vers cet article précédent sur le pouvoir de l’exemple.
- Et enfin « A taaaaable ! J’ai faim ! Et toi ? 😉 »
5. Jouer
Retrouver notre âme d’enfant, se connecter avec notre petit en donnant nos consignes de façon ludique. A chaque fois que nous le faisons, nous voyons les yeux de notre fille aînée briller de joie !
6. Lui faire visualiser ce qui l’attend
Par exemple, cette semaine, Choupie ne voulait pas prendre son bain qui était déjà prêt. J’ai usé de plusieurs solutions qui sont dans cette liste jusqu’à ce que je lui dise que j’avais mis du bain moussant dans son bain, elle a filé direct dans la salle de bain. Mais quelle idée de génie ais-je eu lorsque j’ai fait couler son bain ! (ouf !)
7. Lui poser des questions et lui offrir des choix fermés
- Qu’est-ce que l’on met aux pieds pour sortir ?
- Qu’est-ce que l’on fait avant de venir à table ?
- Tu veux mettre le snood rouge ou le snood bleu ?
Laisser à son enfant la possibilité de prendre des décisions. En encadrant les choix bien sûr, il ne s’agit pas de le laisser faire n’importe quoi !
Quand l’enfant obéit à un ordre, son cerveau frontal reste inactif. Quand vous le faites réfléchir, quand vous lui offrez un choix et lui laissez donc un espace de décision personnel, vous lui proposez de mobiliser son cerveau frontal, celui qui permet de penser, de décider, d’anticiper, de prévoir… de revenir responsable.
Extrait du livre « J’ai tout essayé » d’Isabelle Filliozat
J’ai lu deux livres d’Isabelle Filliozat dont « J’ai tout essayé », ce qui m’a beaucoup aidé lorsque notre fille aînée a commencé à s’affirmer. Les extraits du livre repris dans cet article ne sont qu’une petite partie de ce que l’on peut apprendre afin de savoir comment réagir lorsque notre enfant manifeste de l’opposition et de la mauvaise volonté. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez vous procurer ce livre en cliquant sur l’image ci-dessous.
J’espère que cet article vous aidera à mieux comprendre votre enfant et à ne pas répéter inutilement les mêmes choses avec vos bouts de chou !
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En faite le plus dure c est au parent de prendre l habitude de dire toutes ces phrase car ce n etait pas forcement notre education mais une fois qu on est entraîné ca arrange pleins de choses ! Bisous Maud ?
Exactement, je n’en ai pas parlé, tu fais bien de le rajouter 😉 C’est une question d’habitude à mettre en place mais ça vaut le coup ! Je t’envoie des bisous par avion ^^
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