Je ne sais pas pour vous, mais moi je suis en colère lorsque je vois des personnes âgées bousculer dans la file pour être les premières à passer. Lorsque des vendeurs ne daignent pas me regarder pour me dire bonjour et au revoir. Lorsque, sur la route, les policiers ne respectent pas le code de la route. Lorsque je donne quelque chose à la personne qui me l’a demandée et qu’elle ne me remercie pas. Lorsque personne ou presque ne se lève pour céder sa place à une personne âgée ou à une femme enceinte. Lorsque je me faisais piétiner dessus en entrant dans le train quand celui-ci était bondé… Je suis trop polie, ça doit être ça… N’empêche que je vis assez mal ce manque de respect et de politesse.
Nous sommes le modèle de nos enfants
Les petits apprennent à marcher et à parler en nous imitant. Ils reproduisent nos gestes. Je suis épatée d’entendre certaines expressions dans la bouche de Choupie. Ce sont les nôtres. Elle répète nos tiques de langage, notre façon de parler. Même si elle sait aussi se montrer rebelle, dans l’ensemble, elle reproduit assez bien notre manière de vivre, de ranger, de nous comporter.
Lorsque son poupon pleure, elle lui chante « t’inquiète pas, tout va bien, je suis là » Ce sont des mots que je fredonne à mes deux filles pour les apaiser. Que ferait-elle si elle me voyait crier sur sa petite soeur lorsqu’elle pleure ?
Choupie lance un jouet au labrador de mes parents à plusieurs reprises. Puis « c’est la dernière fois Nala » avant de passer à un autre jeu. Aurait-elle pensé à prévenir ce chien si nous ne le faisions pas déjà avec elle-même ?
Alors que nous sommes en train de jouer dans sa petite maison de jardin, elle me demande de lui remplir de l’eau et cherche une bouteille. Elle me dit alors « J’ai pas de bouteille vide. Ecuse moi, j’en ai pas ». Autant on lui inculque le pardon, autant le mot « excuse moi », non. Je dois le dire très souvent chaque jour !
Lorsqu’elle passe des coups de fil fictifs à ses grands-parents (les idoles de Choupie sont ses papy / mamies!) « Bonjour ! Bla bla bla, gros bisous ! Au revoir, à demain ! »
En rentrant de l’école, elle me demande « tu peux m’aider à accrocher mon manteau ? » Comment me parlerait-elle si elle m’entendait lui donner des ordres à longueur de journée ? Je vous rassure, ce n’est quand même pas du 100 %, ni de son côté, ni du notre évidemment ! On laisse échapper certains ordres lorsque nous sommes fatigués ou en retard. « Habille toi ! Allez, dépêche toi ! Mets ton manteau et on y va. Mets ton pyjama et va te coucher ! » Donc, juste retour des choses, on a le plaisir d’entendre le même ton de sa part régulièrement.
Etre parent est le plus dur métier au monde. Dans notre société actuelle, on court après le temps, on s’oublie parfois, on se plaint beaucoup du comportement de nos enfants. Entendu au détour d’une conversation à la machine à café « Tu as passé de bonnes vacances ? » « Bof, c’était pas des vacances avec les enfants ! ». Quelle tristesse de penser cela et de subir le quotidien !
Alors qu’en fait, nous avons un ingrédient secret qui nous permet d’éduquer sans en avoir l’air ! Qui ferait même 80 % du travail sans nous fatiguer ! Cet ingrédient secret c’est le pouvoir de l’exemple. Pourquoi ne pas profiter de la faculté de nos enfants à nous imiter en leur montrant le bon exemple ?
L’exemple en dit plus que les paroles.
Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville
Le livre des Pensées (1861)
Qu’est-ce que cela veut dire pour moi, montrer le bon exemple ?
Je ne veux pas voir nos filles manquer de respect à autrui, je ne veux pas les voir lever la main sur un autre enfant ou sur nous même, je ne veux pas entendre des mensonges dans leur bouche, je ne veux pas les voir gaspiller nos ressources.
Alors je commence par le faire moi même.
Je suis polie avec mes semblables (bon, ça pour moi, c’est hyper facile, je devrais compter le nombre de fois où je dis merci en une journée…).
On n’apprend pas la politesse à nos enfants, ils en sont simplement les témoins.
Proverbe navajo
Je suis contre la violence éducative. Pourquoi est-ce que nous, adultes, aurions le droit de lever la main sur nos enfants alors que nous décrions tellement ces guerres, ces meurtriers, ces pédophiles, ces terroristes ? Qu’est-ce que toutes ces personnes ont très certainement en commun ? Un passé criblé de violence. Sans parler du manque de repère et d’affection, ils reproduisent ce qu’ils ont toujours connu dans leur enfance.
Pourquoi aurions nous le droit de frapper nos enfants tout en tenant ce discours : je t’interdis de frapper qui que ce soit ? Cependant, malgré mon aversion pour la violence, il m’arrive d’avoir des gestes malheureux envers Choupie. Je travaille actuellement sur moi même pour passer ce cap là car je dois respecter le corps de mes filles. Je veux leur montrer qu’il est possible de nous calmer lorsque nos émotions jouent aux montagnes russes. Je veux qu’elles adoptent une manière d’éduquer sans punir et sans frapper leurs éventuels futurs enfants. Ainsi, lorsque ma tempête intérieure s’est calmée, je discute avec Choupie de ce que j’aurais du mettre en place pour ne pas sortir de mes gongs. Je lui dis que j’aurais du prendre le temps de respirer calmement. Et comme elle sait de quoi je parle puisque nous lui proposons souvent cette solution pour elle-même, elle me l’explique et nous la faisons ensemble. C’est après coup, mais cela permet de faire la paix et de montrer à son enfant que oui, nous ne sommes pas infaillible, oui, nous aussi nous avons le droit à l’erreur, mais que nous savons reconnaître nos erreurs et nous tentons de trouver des alternatives à nos mauvais comportements.
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J’ai toujours détesté mentir. Je ne sais pas le faire. En général, je me fais griller rapidos, ça se lit sur mon visage. Soit je suis mal à l’aise et je finis par tout révéler, soit j’ai envie de rire. Même pour faire des blagues à Jimmy, c’est difficile ! Alors pourquoi mentirais-je à mes filles ?
Nous avons été choqué un jour, alors que nous étions dans un camping, d’entendre un parent dire à son enfant qui ne voulait pas monter dans la voiture pour faire une promenade, « si tu ne viens pas tout de suite, on va partir sans toi ». Est-ce que le parent en question allait vraiment mettre sa menace à exécution ? Allait-il vraiment laisser son enfant de 3 ans dans le mobil-home, tout seul, pendant plusieurs heures ? J’en doute fortement. C’est sans doute le genre de menace qui marche auprès d’un tout-petit, mais au bout d’un moment, il n’est pas bête et se rend bien compte que ce sont des menaces en l’air et elles n’auront alors plus rien de menaçantes !
Je veux que mes filles sachent pardonner, qu’elles aient envie de faire le bien autour d’elle et quelle sachent faire preuve d’humilité. Donner des leçons à ses enfants c’est bien gentil, mais nous-mêmes ? Est-on irréprochable ? Je suis la première à reconnaître mes erreurs. Bien que je me remette beaucoup en question, que j’estime prendre du recul sur mon comportement, je suis loin d’être parfaite et je ne le serai d’ailleurs jamais. Scoop : la perfection n’existe pas ! Alors, lorsque j’ai eu un comportement inadapté, je vais voir ma fille, je me mets à sa hauteur et je discute avec elle de ce qu’il vient de se passer. Je m’excuse alors de mon comportement précédent et je lui explique les raisons de ma colère. La plupart du temps, elle est assez réceptive et on peut ainsi trouver une solution pour que cela ne se reproduise pas (ou du moins, pas trop souvent !).
Je veux que mes filles prennent garde à leur sécurité. Qu’elles aient soif de vivre et d’aventures tout en ayant conscience des dangers. Je ne veux pas les surprotéger au risque qu’elles n’osent rien faire ou bien qu’elles prennent des risques inconsidérés plus tard pour se libérer du joug parental. Le mois dernier, en louant notre matériel de ski, Jimmy prend un casque. Moi je refuse dans un premier temps (pourtant j’ai déjà mordu la neige à mes 15 ans, traumatisme crânien, dent cassée, pas drôle quoi…). Et puis mes yeux se posent sur ma fille. Bottes de ski aux pieds, combinaison intégrale et … casque sur la tête. Et bien pour elle, pour lui montrer l’exemple et pour éviter qu’elle n’ai l’idée de ne pas le porter, j’en prends un également et l’ai porté toute la semaine, même lorsque nous n’étions pas avec elle.
Je veux que mes filles aient une bonne hygiène de vie. Se laver les mains, se brosser les dents… Se… quoi ? Les dents ? Mais pourquoi faire, pourrait-elle me poser la question. Parce que la routine du soir : pipi, les mains, pyjama et dodo, c’est acquis. Mais il se trouve que nous rencontrons toujours des difficultés lors du brossage des dents. Elle lambine, elle refuse d’ouvrir la bouche ou bien, c’est elle qui le fait toute seule mais c’est du genre, un coup sur les côtés, un coup devant et basta ! 10 secondes à tout casser et en prime, un max de dents qui n’ont pas eu le privilège de dire bonjour à leur copine la brosse à dent ! Peut être qu’elle n’apprécie pas le contact avec cette dernière. C’est possible, on y a beaucoup réfléchi mais je pense que nous avons un comportement personnel à modifier. En effet, elle nous voit peu nous brosser les dents nous même. En effet, le soir on a l’habitude de manger notre dessert après avoir couché les filles. Pour éviter de lui dire « nous on a le droit de nous goinfrer de chocolat mais pas toi ». Et puis, y’en a marre de partager nos sucreries ! Non mais… ^^
Alors, quel sacrilège de manger du chocolat en ayant un goût de dentifrice. Sans parler du fait qu’il faudra recommencer avant de se coucher…
Est-ce que changer notre habitude et nous brosser les dents quotidiennement devant elle lui permettrait d’accepter cette routine plus facilement ? C’est une expérience que j’ai envie de tester, tient. En plus, d’une pierre deux coups, ça me permettra peut être de perdre quelques kilos superflus ! (quelques étant un euphémisme, hum hum)
De toutes les épidémies, la plus contagieuse est l’exemple.
Joseph Michel Antoine Servant.
Extrait d’un portefeuille (1807)
Pour vous, en pratique, ça donnerait quoi ?
Qu’est-ce qui est important pour vous ? Faites la liste de vos valeurs, ce que vous voulez enseigner à votre enfant et que vous aimeriez le voir reproduire.
A partir de cette liste, analysez vos propres comportements. Est-ce que vous être plutôt du genre « fais ce que je dis mais pas ce que je fais » ou plutôt « je fais ce que je dis » ? Dans le 1ercas, que pourriez-vous modifier afin que vos enfants puissent calquer leur comportement sur le votre ?
Pour vous aider, j’ai repris sur le blog de papapositive , une liste de comportements propices à l’épanouissement en communauté :
- Je dis la vérité
- Je fais ce que je dis, je dis ce que je fais.
- Je sais changer d’avis.
- Je ne fais pas de promesse que je ne peux pas tenir.
- Je fixe des règles en collectivité et m’assure qu’elles soient comprises et suivies par tous.
- Je répare mes erreurs et en tire enseignement.
- Je m’excuse.
- Je fais confiance par défaut.
- J’établis des objectifs, je suis mes rêves.
- Je demande de l’aide si nécessaire.
- Je travaille ouvertement à améliorer mes lacunes et faiblesses.
- Je me lève quand mon réveil sonne.
- J’arrive à l’heure à mes rendez-vous.
- Je pardonne (moi et les autres).
- Je ne critique ni ne juge pas.
- Je propose mon aide.
- Je fais preuve d’altruisme.
- Je suis poli.
- Je souris souvent.
- J’exprime mes émotions sans accuser « je me sens… ».
- Je cherche des solutions en changeant la question pour dépasser le problème.
- Je fais preuve d’humour mais ne me moque jamais.
- J’écoute sans couper la parole et j’essaye de me mettre à la place de l’autre.
- Je respire pour calmer ma colère ou pour accueillir une émotion.
- Je choisis d’avoir une attitude positive et de voir au maximum le verre à moitié plein.
- Je m’enquis de la pensée d’autrui.
- Je crée, je trouve des idées, j’invente souvent.
- J’exprime ma gratitude et ma reconnaissance envers ce que j’ai et autrui.
- Je porte une attentions bienveillante au monde qui m’entoure.
- Je pose des questions lorsque je ne comprends pas.
- J’agis et je parle avec respect et bienveillance.
- Je laisse faire lorsque la personne est capable de faire.
- Je ne crie pas.
- Je fais du sport (ou je marche régulièrement).
- Je pratique l’auto-compassion et ne m’auti-dénigre pas.
- Je donne mon opinion calmement. Je respecte celle des autres.
- Je nettoie et range mon espace de vie.
- Je lis.
- Je ne parle pas de quelqu’un quand il n’est pas là (et cela facilite la pleine conscience de l’instant présent).
- Je m’habille avec soin selon mes goûts et je m’entretiens.
- Je connais mes forces et je les exploite.
- J’inspire la sérénité et la confiance par ma présence.
- Je suis prévoyant pour le bien-être de ma famille.
- J’invite mes enfants et mon conjoint à pratiquer des activités (jeux, cuisines, ballades,…)
- Je m’émerveille et m’enthousiasme ouvertement.
Ce n’est pas un travail évident à faire. Prendre du recul sur soi-même est difficile, vous pourriez en discuter avec votre conjoint pour vous aider. Ensuite, modifier son comportement demande du temps également. Lorsque nous avons décidé de parler de façon positive à notre fille aînée, utiliser un autre vocabulaire que celui que nous connaissions depuis notre naissance nous a demandé des efforts. Encore aujourd’hui, il nous arrive régulièrement de reformuler nos phrases. Soyez persévérants et surtout indulgents envers vous même !
Je veux croire en un monde meilleur, où nous serions tous heureux, en paix avec nous même et avec les autres. Utopique hein ? Certains diraient qu’une sélection naturelle est nécessaire, je ne rentrerai pas dans ce débat. Je pense que bon nombre de maux du quotidien et de malheurs pourraient être évités si nous étions un bon exemple pour nos enfants. J’ai néanmoins l’humble volonté de vous aider à profiter de votre quotidien avec vos enfants et non plus à le subir. Non pas que mes propres journées ressemblent toutes à un épisode des bisounours, ce serait trop beau ! Toujours est-il que notre fille aînée, bien qu’étant pourvue d’un caractère bien trempé, ne nous fait pas vivre un enfer et je suis persuadée que notre comportement avec elle y est pour beaucoup.
Je conclus cet article avec quelques conseils à méditer, empruntés sur le site de petitpousse.fr
On a TOUS cette capacité d’imitation grâce à nos « neurones miroirs » ! En outre, l’enfant apprend ce qu’il vit :
- Sous les critiques, il apprend à juger
- Un climat d’hostilité, lui apprend à être agressif
- Les humiliations, le rendront timide
- Méprisé, il se sentira coupable
- Exposé au ridicule, il apprendra la méchanceté
D’autre part :
- Un climat de tolérance, lui apprend la patience
- Le réconfort ou la sécurité, lui enseigne la confiance
- L’estime, lui permettra de se surpasser
- Face à la loyauté, il deviendra juste
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